Jean-Paul Willaime dans Le Monde

mosquée de Créteil2

La mosquée de Créteil (cliché: FD, janvier 2009)

Parmi le flot de commentaires entendus depuis quelques jours il est une parole à part : celle des chercheurs. Entre les indignations parfois maladroitement formulées et la célébration béate de la démocratie helvétique et de ce peuple qui a su dire « NON » à l’Islamisme, il y a une petite place pour une parole sereine et raisonnée. Même s’il n’est pas évident de démêler l’actualité et les événements sur le vif, le sociologue Jean-Paul Willaime s’est attelé à cette tâche dans une excellente tribune (le lien permet de télécharger le texte en pdf) publiée dans le journal Le Monde (édition du samedi 5 décembre 2009).

Le sociologue, pour l’occasion, se fait géographe puisqu’il revient sur la question de la visibilité de l’Islam dans l’espace public français. Cette tribune m’a fait penser à un article du même JP Willaime, «De l’édifice cultuel au centre religieux plurifonctionnel: les mutations contemporaines des fonctions et représentations du lieu de culte» paru dans un ouvrage collectif, Les lieux de culte en France et en Europe: Statuts, pratiques, fonctions (ouvrage dirigé par Magalie Flores-Lonjou et Francis Messner, paru chez Peeters Publishers en 2007).

Dans sa tribune JP Willaime souligne avec justesse le décalage qu’il existe entre le pluralisme religieux dans la société et le pluralisme religieux sur le plan spatial et architectural. Il fait remarquer que le paysage français est resté chrétien et que la place à accorder aux autres expressions religieuses ne fait pas consensus. On peut penser que ce décalage provient d’une inquiétude de la part d’une partie des citoyens: plus la diversité religieuse s’affirme sur le plan social, plus il apparaît urgent de réaffirmer la place dans l’espace une un modèle religieux largement dépassé.

Les géographes ont pu faire remarquer qu’il y avait constamment un décalage entre les structures de la société et les structures spatiales dans lesquelles les premières s’expriment. Ce décalage provient d’une inertie des formes de l’espace: celle-ci tendant à évoluer plus lentement que les structures sociales. On nomme ainsi « héritage spatial » un objet géographique qui perdure dans le temps alors que la dynamique sociale qui l’a fait naître s’est largement transformée. Dans le champ religieux, le paysage catholique apparaît bien comme un exemple d’héritage spatial puisque la présence géographique de l’Eglise catholique n’a pas grand chose à voir avec la place qu’elle occupe dans la société.

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